Humour

Philippe Laprise : quand l’anxiété devient comique

Durée de lecture : 3 min

Jean-Christof Cloutier-Ross

Durant la pandémie, Philippe Laprise découvre une masse sur son sein. Immédiatement, la peur s’installe. Un cancer, moi? Est-ce que je vais mourir? Dans son spectacle Pourquoi pas, l’humoriste nous amène dans l’attente de son diagnostic et transforme l’anxiété en humour avec toute lhumanité qui lui est propre.

Écrire un spectacle d’humour qui frôle le sujet du cancer, ce n’est pas simple. C’est rétrospectivement que Philippe Laprise a écrit ce spectacle. Parce que sur le coup, ça faisait beaucoup à porter. « C’est sûr qu’au début du processus de création, quand j’avais pas mes résultats, c’était compliqué. J’avais aucune idée si j’allais en parler ou pas. Je n’avais pas de résultats, alors j’en parlais pas. Mais c’est quand les résultats sont tombés que j’me suis dit : “j’peux pas croire que c’est ça qui m’arrive” », confie-t-il.

 

Soyez rassurés, l’humoriste en est à plus de 100 représentations, alors on peut se douter de la fin heureuse de sa mésaventure. Laprise n’est pas là pour raconter une tragédie, mais bien une histoire drôle de A à Z portée par son talent déjà reconnu. « La chute de ça est belle, je suis en pleine santé. Ça va bien. Mais il y a eu beaucoup d’inquiétude par rapport à ce problème-là qui aurait pu devenir un problème de santé, mais qui finalement s’est résorbé en quelque chose de complètement absurde. Il faut venir voir le show pour comprendre », dit-il en riant.

 

Avec une histoire comme la sienne, l’inquiétude peut rapidement devenir tabou. Mais pour un homme qui vit de sa parole, l’expérience finit bien sûr par déborder sur le papier. « J’étais pas censé parler de ça, mais j’me suis amusé à le compter une fois, pis j’me suis rendu compte que j’avais fait une heure juste avec ça. Évidemment, j’ai énormément travaillé dedans avec toute mon équipe. À un moment donné, on s’est aperçu qu’on tenait quelque chose de vraiment intéressant et tripant. »

 

Tellement intéressant, qu’il a mis de côté un spectacle qu’il avait commencé à créer. « J’avais déjà écrit une douzaine de numéros. Quand la pandémie a commencé, je savais que pour mon show, il m’en restait onze à faire. Je me doutais que j’allais peut-être pas le finir. J’avais commencé à écrire et quand j’ai vécu ça, j’me suis rendu compte que ce que j’avais écrit c’était bon, mais c’était ben meilleur ça. J’ai tout flushé pour faire juste l’histoire de cette bosse-là que j’ai découverte sur mon corps. »

 

La pandémie a mis sur pause le rythme effréné des spectacles, et Philippe Laprise en a profité. Le titre de son spectacle repose sur une affirmation toute simple : pourquoi pas. « Pendant que j’attendais mes résultats, j’me suis mis à vouloir profiter de tout, pis à vouloir avoir du fun dans tout », répond l’humoriste avec une excitation débordante dans la voix. Un sentiment qui s’est faufilé jusque dans son écriture. « Ça faisait longtemps que je voulais faire un spectacle qui raconte une seule histoire », dit-il. « Ça me donne l’impression de recommencer ma carrière. Comme si on avait fait un shut down et qu’on peut tout recommencer à zéro, faire ce qu’on veut vraiment. »

 

C’est un Philippe sincère, ouvert et toujours aussi hilarant qui se présente donc sur scène. « J’ai toujours été un gars qui voulait laisser quelque chose. C’est de l’humour que moi je fais, personne d’autre le fait comme ça. C’est ça qui me rend fier de ce show-là. C’est le meilleur show que j’ai écrit de ma vie, et je sais pas si je vais être capable d’en écrire un autre aussi bon », ajoute-t-il, l’air comblé.

Cependant, si sa plume devient plus mature, l’homme de 46 ans ne peut s’empêcher de penser à l’inéluctable marche du temps, tout en gardant le sourire.

« Je suis conscient que de l’humour, j’en ferai pas toute ma vie. Qu’un jour, je vais vouloir faire autre chose, de la radio, de la télé, je sais pas. Mais j’ai l’impression que je suis à l’étape de ma vie où je suis exactement où je dois être. C’est-à-dire, sur scène. J’ai dit à mon producteur que je n’arrête pas le show tant que je ne suis pas écœuré de le faire. »

Et on espère qu’il ne s’écœurera pas de sitôt!