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Rencontre avec Cédric Landry

Durée de lecture : 6 min

Nancy Caouette

Hissez les voiles et prenez le large lors du spectacle Sur la piste à Avila! Dans ce voyage à la fois humoristique et philosophique, le conteur madelinot Cédric Landry vous entraîne sur la piste de ses ancêtres et sur celle de la mort.

Auteur dramatique, comédien, improvisateur, scénariste… Cédric Landry a l’embarras du choix lorsque vient le temps de se choisir un titre. Mais il dit préférer aujourd’hui revêtir le chapeau de conteur. « Je me définis de plus en plus comme un conteur, comme un porteur de l’art oral des Îles-de-la-Madeleine où j’ai grandi. Quand j’ai commencé à raconter des histoires, il y a à peu près sept ans, il y a quelque chose qui s’est placé en moi. Une sorte de reconnaissance, qu’aux Îles, on est un peuple d’Acadiens qui aime garder ses histoires bien vivantes. On est des pêcheurs et on sait tous que les pêcheurs aiment raconter et exagérer leurs histoires », lance-t-il en riant.

 

Savoir d’yousqu’on vient pour savoir yousqu’on s’en va

Dans son spectacle Sur la piste à Avila, Cédric Landry — mieux connu sous le nom de « Cédric à Martin» aux Îles — accompagne son père qui est au seuil de la mort.
« C’est un spectacle que j’ai écrit en 2016 pour faire un clin d’œil à mon père et le retrouver sur scène. Il est mort lorsque j’avais 18 ans, donc ça me permet d’avoir assez de distance pour revivre des moments difficiles, comme une scène à l’hôpital. Je suis plus dans la nostalgie que dans les pleurs », raconte-il.

Debout, les deux pieds dans le sable à Avila, une plage des Îles-de-la-Madeleine, les deux hommes se lancent dans une quête pour retrouver leurs ancêtres. « Au fond, je raconte qu’on porte en nous ceux et celles qui étaient là avant nous. Mon père disait toujours « Faut savoir d’yousqu’on vient pour savoir yousqu’on s’en va. » Dans ce spectacle, je me rappelle d’yousque je viens pour savoir où je veux aller. »

L’artiste qui habite entre Rimouski et les Îles-de-la-Madeleine souligne que c’est un extrait de ce spectacle présenté en vitrine lors de la Virée du ROSEQ à l’automne 2016 qui a propulsé sa carrière de conteur. « C’est un spectacle que j’ai fait plus de cent fois partout au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick et même au Manitoba et en France. Et chaque fois que je le conte, je suis meilleur. Le public n’est pas pareil, je conte différemment qu’il y a sept ans. Je prends plus mon temps, je fais plus confiance à l’histoire… Avant j’allais vite, vite, vite pour que les gens réagissent. Aujourd’hui, je prends plus mon temps pour que le monde aille le temps d’absorber l’histoire et qu’ils réfléchissent. »

 

Le conte a le vent dans les voiles

Et pour celles et ceux qui n’ont jamais foulé le sol sablonneux des Îles-de-la-Madeleine, le conteur promet de bien les amariner avant le voyage. « Je prends toujours un cinq à dix minutes au début du spectacle pour qu’on fasse connaissance et pour que les spectateurs sachent où je les emmène. Je m’assure que tout le monde a les mêmes codes pour comprendre l’histoire, c’est important de bien placer mes affaires. »

Toutefois, il ajoute que le spectateur doit faire un bout du travail pour que la magie opère. « Quand on va en salle pour voir un conte, on retrouve notre cœur d’enfant. Dans un film, tout est monté, les images sont devant toi. Quand c’est un conte, c’est notre imagination qui crée les images. Mais aujourd’hui, les spectateurs sont plus prêts pour ça. Il y a en ce moment une espèce d’ouverture, un élan pour le conte. Les gens se déplacent en salle pour voir des contes ou du slam », dit-il avec enthousiasme.