Jeunesse

Le Magicien d’Oz : un mini-Broadway pour éblouir les 5 à 105 ans

Durée de lecture : 4 min

Nancy Caouette

Après Sherlock Holmes et le signe des Quatre et le Chat botté, le Théâtre Advienne que pourra est de retour sur les routes de l’Est du Québec pour émouvoir un public multigénérationnel avec une relecture musicale du célèbre conte Le Magicien d’Oz. Oserez-vous suivre la route de briques jaunes?

Un décor minimaliste, un·e ou deux interprètes sur scène, des costumes plutôt simples : voilà ce qui constitue généralement les bases du théâtre jeunesse au Québec, une branche des arts de la scène qui, contrairement à certaines productions destinées aux adultes, n’a pas toujours les moyens financiers de ses ambitions. Une réalité que le Théâtre Advienne que pourra travaille à changer depuis 2005, un spectacle à la fois. 

 

Et c’est mission accomplie avec Le Magicien d’Oz, un spectacle haut en couleur mettant en vedette des costumes et des décors imposants et cinq interprètes qui jouent, chantent et dansent avec brio. « J’ai envie de voir des étincelles dans les yeux du public », lance Frédéric Bélanger, metteur en scène de la pièce et cofondateur du Théâtre Advienne que pourra. « Je suis heureux quand des enfants disent “wow!”, quand ils fredonnent des chansons en sortant de la pièce ou disent “on veut revenir au théâtre!”. On est le premier contact avec le théâtre pour la majorité des enfants. On ne peut pas rater notre chance! » 

Un conte centenaire qui vibre au présent

Le public qui a déjà lu ou vu des œuvres inspirées du célèbre conte de Lyman F. Baum ne sera pas déçu. Sur le chemin de briques jaunes, en route vers la Cité d’Émeraudes (qui devient la Cité des Diamants verts dans cette adaptation), Dorothée et son chien Toto rencontrent les mêmes incontournables personnages oniriques : un épouvantail, un homme de fer, un lion, un magicien, une fée et une sorcière. Près de 123 ans après la première publication aux États-Unis de The Wizard of Oz, les thèmes centraux de cette œuvre phare restent toujours d’actualité, soit l’amour, le courage, la solidarité, l’amitié, la tolérance et la confiance en soi.

 

Des concepts essentiels qui continuent de résonner chez les jeunes et les moins jeunes, constate Frédéric Bélanger. « Dans notre processus créatif, on est allés à la rencontre des élèves du primaire. Ils ne connaissaient pas l’œuvre, mais quand on leur demandait d’écrire un poème ou de faire un dessin sur ce qu’ils avaient retenu du conte, chaque enfant choisissait son personnage facilement. Pour certains, c’était l’homme de fer blanc, pour d’autres, la sorcière ou Dorothée. Ils s’identifiaient aux personnages et à leur quête. C’était très fort en eux. » 

 

Puisant à même leurs observations dans les écoles, Frédéric Bélanger et Audrey Thériault ont adapté, mis en scène et composé des chansons originales inspirées de l’œuvre de Baum en gardant la quête des personnages au cœur de leur démarche. « On a cherché à faire en sorte que chacun des enfants et des adultes dans la salle puisse se retrouver dans l’histoire avec compassion, empathie, bienveillance et humour. Que le spectateur se dise “Ah, ça, c’est moi! Ça, c’est un défi pour moi, car je suis gêné, j’ai de la misère à m’exprimer.” ou “Moi aussi, je vis dans l’angoisse”, ou encore, “Je suis un leader, mais parfois, j’ai besoin d’un câlin” », détaille le metteur en scène.  

 

Selon Frédéric Bélanger, le spectacle, dont une grande partie du processus créatif s’est déroulée avant la pandémie, est devenu encore plus pertinent et essentiel au sortir de la crise. « La pandémie a vraiment exacerbé l’angoisse que vivent les jeunes malheureusement. Je pense que c’est un spectacle qui fait beaucoup de bien, qui leur apporte beaucoup de lumière. » 

 

Décloisonner le théâtre

Avec ce spectacle, le Théâtre Advienne que pourra s’adresse, une fois de plus, tant à l’enfant qu’au parent. « Je suis parent et quand je sors au théâtre en famille, je veux que ça s’adresse à moi aussi, pas juste à mes enfants. Nos pièces peuvent s’apparenter à ce que fait Pixar. On joue avec le second degré pour parler aux adultes aussi », illustre-t-il.  

 

Pour décloisonner le théâtre jeunesse, il fallait aussi éliminer toutes frontières entre les formes d’art vivant. « Je suis un touche-à-tout, je suis un curieux, je fais du cirque, de la danse, je fais du cinéma et du théâtre… Je hais me sentir cloisonné, prisonnier d’un carcan! », lance Frédéric avant d’ajouter que les jeunes – qu’ils soient à Montréal, à Gaspé ou Sept-Îles – méritent de grandes productions, des « mini-Broadway ». 

 

« On est un organisme à but non lucratif, donc le budget demeure un défi. Avec les années, on a accumulé un gros bas de laine qu’on voulait utiliser pour faire une grosse production. C’est ce qu’on a fait avec Le Magicien d’Oz. On a même acheté des microcasques. Disons que c’est une belle carte de visite pour nous. Et ça marche, la magie opère! », s’enorgueillit-il. 

 

Mais sa plus grande fierté, c’est de contribuer à faire vibrer et perdurer les arts vivants partout au Québec. « Nous, on a fait le choix de ne pas aller à l’international pour miser justement sur les régions. On est un théâtre de région, lanaudois et fier de l’être. On veut créer et renforcer partout dans la province ce sentiment d’appartenance qui nous pousse à nous rassembler dans une salle pour voir d’autres humains nous raconter une histoire en direct. C’est unique et magique. Ce n’est pas pour rien que ça a perduré à travers le temps! »